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Colloque international Antibiorésistance du 07 juin 2022 à PariSantéCampus : appel à la mobilisation de la communauté scientifique internationale

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Crédit : PariSanté Campus

Source : synthèse Inserm du 08 juin 2022

“Si rien n’est fait, les infections dues à des résistances aux antibiotiques provoqueront davantage de morts que le cancer ou les maladies cardiovasculaires en 2050”. C’est ce qu’a affirmé Stewart COLE, directeur général de l’Institut Pasteur, en ouverture du colloque international “Recherche et innovation pour réduire le fardeau de l’antibiorésistance” organisé par l’Inserm et l’Institut Pasteur. L’événement, qui s’est tenu le 7 juin 2022 dans les locaux de PariSanté Campus à Paris, en France, à la demande du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, était placé sous le haut patronage de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne.

“Les efforts de recherche devraient être accélérés afin d’améliorer nos connaissances, l’innovation, et d’affiner nos politiques et nos pratiques”, a estimé Yazdan YAZDANPANAH, directeur de l’ANRS MIE, agence française dédiée aux maladies infectieuses émergentes et de l’institut I3M (Institut Immunologie, Inflammation, Infectiologie et Microbiologie).

Chaque jour, davantage de bactéries deviennent résistantes aux antibiotiques existants, de sorte que des maladies infectieuses considérées comme appartenant au passé tuent à nouveau, ou deviennent difficiles à traiter.

Déjà, en 2019, 5 millions de personnes sont décédées dans le monde en lien avec des résistances aux antibiotiques, selon une étude publiée dans le journal scientifique « The Lancet » en janvier de cette année. “L’antibiorésistance coûte 1,1 milliards d’euros par an aux systèmes de santé des pays de l’Union européenne”, a affirmé Michele CECCHINI, responsable de la thématique santé publique à l’OCDE.

Face à cette menace grandissante, plusieurs actions sont actuellement menées afin de soutenir la recherche scientifique, en lien avec les cliniciens et l’industrie dans le but d’identifier de nouvelles thérapeutiques,  de développer des moyens diagnostiques et des stratégies de prévention. Une action rendue difficile par le fait que l’apparition et la dissémination de résistances aux antibiotiques concerne à la fois la santé humaine, la santé animale et l’environnement, ce qui justifie une approche de recherche globale dite “One Health”.

Les pays membres de l’union européenne, soutenus dans leur démarche par la commission européenne ont lancé en 2011 un grand programme intitulé JPIAMR (Joint programming initiative on antimicrobial resistance). Ce programme, rejoint depuis par d’autres pays en dehors de l’union européenne, comme le Canada ou l’Afrique du Sud, a déjà permis un investissement total de plus de 127 millions d’euros en vue de mener des actions de recherche contre l’antibiorésistance. Afin d’amplifier les efforts de recherche dans ce domaine, les états-membres et la commission devraient lancer dès 2025 un programme de plus grande envergure intitulé le partenariat One-Health AMR. La préparation de ce partenariat a été confiée à plusieurs pays, dont la France, représentée par l’ANR (Agence nationale de la recherche).

En France, un programme de recherche prioritaire, piloté par l’Inserm, consacré à ce sujet, doté de 40 millions d’euros a été lancé en 2020 afin de développer de nouvelles stratégies, de mettre au point des innovations et de mieux comprendre ce phénomène sur le plan biologique, médical, mais aussi social, économique, réglementaire, etc…

Les échanges de la journée du 7 juin 2022 ont permis de jeter un regard à 360° sur les grandes thématiques de l’antibiorésistance dans le monde. Côté  des « big data », il apparaît ainsi que de nombreuses initiatives visant à collecter, harmoniser, traiter et mettre à disposition des données sur ce sujet en open source ont vu le jour, qui doivent être pérennisées et développées.

Le rôle de l’environnement – source de molécules pharmaceutiques et de souches bactériennes résistantes – dans l’apparition et la dissémination d’antibiorésistances, devrait être davantage investigué. Les effluents des hôpitaux pourraient ainsi faire l’objet de davantage de recherche et de surveillance, de  même que ceux des usines de production de médicaments dans le monde.

Les sciences humaines et sociales montrent que la structure des marchés pharmaceutiques (disponibilité des antibiotiques, prix, distribution, etc…) a un impact sur la manière dont les médicaments sont utilisés et donc sur l’apparition d’antibiorésistances, que ce soit dans les pays à haut ou bas revenus.

En quatre ans, les entreprises de biotechnologie spécialisées dans l’antibiorésistance ont perdu 75% de leur valeur en moyenne”, s’est alarmé Marc LEMONNIER (ANTABIO SAS). Des mesures incitatives permettant de décorréler les revenus de ces entreprises de leurs volumes de vente devraient être mises en place, estime ce membre du board de la Beam Alliance qui réunit 70 biotechs françaises.

“La lutte contre l’antibiorésistance devrait être portée plus haut dans nos priorités d’action”, a conclu Yazdan YAZDANPANAH au terme de cette journée.

Contact : Evelyne JOUVIN-MARCHE, coordinatrice du PPR Antibiorésistance, Inserm

Contact Presse : presse@inserm.fr

Retrouvez la synthèse de l’Inserm en pdf