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Editorial par Frédéric Peyrane et Florence Séjourné

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Gauche: Frédéric Peyrane Droite: Florence Séjourné

2023 : une année charnière pour l’innovation en antibiorésistance ?

Frédéric Peyrane, Coordinateur BEAM Alliance

Florence Séjourné, Co-fondatrice BEAM Alliance et CEO Aurobac Therapeutics

Les petites et moyennes entreprises (PME), moteurs de l’innovation en antibiorésistance, pourraient démarrer l’année 2023 avec le moral en berne.

Nombre d’entre elles ont mis la clé sous la porte en 2022, y compris en France, avec parfois des produits en phase de développement clinique. Autant de chances perdues d’offrir aux patients et aux cliniciens des solutions nouvelles pour faire face à la montée des résistances microbiennes.

Ces échecs sont d’autant plus frustrants que le besoin médical continue de croître, comme le rappelle l’ECDC dans son dernier rapport. [1]

Ces échecs reflètent en réalité une défaillance de marché qui rend l’aire thérapeutique de l’antibiorésistance très peu attractive en termes d’investissements. Les PMEs ont ainsi toutes les peines du monde à lever les fonds nécessaires au développement de leur portefeuille de produits. Et lorsqu’elles y parviennent, les montants sont si limités que la moindre barrière technique ou scientifique peut s’avérer incontournable, le moindre imprévu fatal.

Pourtant, les PME continuent de garder l’espoir. De jeunes pousses continuent d’émerger, y compris en France.

La raison ? Les pouvoirs publics comprennent désormais la nature du problème et les enjeux associés. Et les gouvernements semblent prêts à lancer les actions correctives pour redynamiser l’innovation et nous permettre d’anticiper la pandémie qui s’annonce.

Le Royaume-Uni avait lancé le bal en 2019, en testant un nouveau modèle économique de souscription et la Suède lui a emboîté le pas. Le congrès des États-Unis débat depuis quelque temps d’un projet de loi ambitieux qui s’inscrit dans la même lignée. Le Canada et le Japon sont également en train de construire le mécanisme le plus adapté à leurs contraintes nationales.

Tous ces nouveaux mécanismes économiques ont un point commun : favoriser l’usage approprié des antimicrobiens en garantissant une juste rétribution pour ceux qui auront pris les risques techniques et financiers de les développer.

Et l’Europe dans tout ça ? Elle n’est pas en reste ! La Commission Européenne vient juste de publier sa proposition de révision de la législation pharmaceutique qui introduit un mécanisme économique incitant l’innovation. D’autres mécanismes, potentiellement complémentaires, sont également à l’étude au sein de l’Autorité européenne de préparation et de réaction en cas d’urgence sanitaire (HERA). La France, qui aura son mot à dire comme chacun des États Membres, peut s’appuyer sur le Comité Stratégique de Filière, aidé par les travaux de la Toulouse School of Economics développés au sein du projet ARPEGE, pour se forger une opinion.

La solution pourrait donc être à portée de main. Une solution pour relancer la machine à innover et prolonger ce miracle engendré par les antibiotiques où les infections microbiennes restent un évènement passager et bénin.


[1] European Centre for Disease Prevention and Control (ECDC): Antimicrobial resistance in the EU/EEA (EARS-Net) – Annual epidemiological report for 2021 (disponible sur le site de l’ECDC)