Au cours des dix dernières années, le groupe de veille inter-académies sur le thème de l’antibiorésistance
a réuni un nombre croissant de partenaires motivés, regroupant sept académies en 2022. Tout en
soutenant les plans gouvernementaux mis en œuvre pour éviter des impasses thérapeutiques, cette veille
se propose également d’attirer l’attention sur des aspects méconnus de l’antibiorésistance, de rapprocher
des professions engagées dans l’action en leur fournissant un champ de vision élargi qui les rend plus
aptes à formuler des questions pertinentes et à dégager des pistes de progrès originales.
Une partie de l’information du groupe de veille est délivrée lors de colloques pluri-académiques. Ils sont
consacrés à la connaissance des mécanismes de dispersion des bactéries pathogènes résistantes et des
antibiotiques, permettant de pointer des pistes de progrès destinées à prévenir cette diffusion et à réduire
les risques qui en résulteraient pour l’humain, l’animal et l’environnement.
❖ La dissémination des bactéries résistantes et de leurs gènes de résistance chez l’humain, l’animal et
l’environnement, aboutissant à de véritables « épidémies souterraines », doit être intégrée à la liste
des grandes menaces écologiques qui s’inscrivent dans le registre “Une seule santé” (réchauffement
de la planète, pollution des eaux, réduction de la biodiversité…). La prévention de cette dissémination
doit s’appuyer sur une approche d’écologie de la santé qui préconise une action globale, concertée et
multidisciplinaire intégrant santé humaine, animale et des écosystèmes. Les stratégies devront
intégrer, outre la diminution de la pression de sélection par les antibiotiques, la prévention de la
transmission croisée des bactéries résistantes entre humains et entre animaux (hygiène) et le
contrôle des eaux usées pour éviter leur dissémination dans l’environnement.
❖ Les marqueurs moléculaires, d’une grande diversité, sont un outil important pour la surveillance
« One Health » de l’antibiorésistance. Une approche mondiale de l’antibiorésistance encadrée par les
grands organismes internationaux est possible pour tous les écosystèmes et dans tous les pays. Une
attention particulière sera de limiter les rejets de résidus médicamenteux (dont les antibiotiques)
dans l’environnement, ainsi que le rejet de bactéries résistantes.
❖ Il conviendra de promouvoir des filières de traitements plus exigeantes pour maitriser
l’antibiorésistance, afin d’en limiter la diffusion dans le milieu naturel ou encore de poursuivre
l’harmonisation des méthodologies de surveillance en lien avec les autorités sanitaires ; et
aussi d’encourager les campagnes de mesure des gènes de résistance tout au long de la filière
d’assainissement des eaux usées et des boues pour mieux connaître leur contribution à
l’antibiorésistance, afin d’établir une image claire des risques associés à l’eau, et du rôle de
l’environnement dans les mécanismes de transmission. L’existence de bactéries telluriques
naturellement multirésistantes telles que Burkholderia pseudomallei impose une identification très
précoce des agents d’infections communautaires graves.
❖ Mieux identifier et documenter les situations de transmission de l’antibiorésistance au sein des
différents secteurs animaux et ceux de la chaine alimentaire pouvant amener à un contrôle plus ciblé
sur certaines espèces bactériennes dites sentinelles lors d’échanges internationaux. Cependant
diverses zoonoses caractérisées par leur aspect environnemental échappent encore à
l’antibiorésistance telle la borréliose.
❖ Chez l’humain, la transmission de bactéries pathogènes par voie aéroportée est connue de longue
date et toujours d’actualité. Le port du masque pourrait être recommandé pour les infections
aigues ou chroniques, même bénignes de la sphère oro-pharyngée.
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