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Le Groupe de direction mondial sur la résistance aux antimicrobiens appelle à une réduction significative de l’utilisation des médicaments antimicrobiens dans les systèmes alimentaires mondiaux

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Crédit : Pixabay

Article publié sur le site de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) le 24 août 2021

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Le Groupe de direction mondial sur la résistance aux antimicrobiens a appelé aujourd’hui tous les pays à réduire considérablement les niveaux de médicaments antimicrobiens utilisés dans les systèmes alimentaires mondiaux. Il s’agit notamment d’arrêter d’utiliser des médicaments antimicrobiens importants sur le plan médical pour favoriser la croissance chez les animaux en bonne santé et d’utiliser de manière générale les médicaments antimicrobiens de façon plus responsable. 

Cet appel est lancé à l’approche du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires qui se tiendra à New York le 23 septembre 2021 et sera l’occasion pour les pays de discuter des moyens de transformer les systèmes alimentaires mondiaux.

Le Groupe de direction mondial sur la résistance aux antimicrobiens est composé de chefs d’État, de ministres et de dirigeants du secteur privé et de la société civile. Le groupe a été créé en novembre 2020 pour accélérer l’élan politique mondial, le leadership et l’action contre la résistance aux antimicrobiens et est coprésidé par leurs Excellences Mia Amor Mottley, Première Ministre de la Barbade, et Sheikh Hasina, Première Ministre du Bangladesh.

La réduction de l’utilisation des antimicrobiens dans les systèmes alimentaires est essentielle pour préserver leur efficacité

La déclaration du Groupe de direction mondial appelle à des mesures audacieuses de la part de tous les pays et des dirigeants de tous les secteurs pour lutter contre la résistance aux médicaments.

Un appel d’une priorité absolue est lancé pour que les médicaments antimicrobiens soient utilisés de façon plus responsable dans les systèmes alimentaires et que l’utilisation de médicaments qui sont de la plus grande importance pour le traitement des maladies chez les humains, les animaux et les végétaux soit considérablement réduite.

Les autres principaux appels lancés à tous les pays sont les suivants :

  1. Mettre fin à l’utilisation de médicaments antimicrobiens qui sont d’une importance cruciale pour la médecine humaine afin de favoriser la croissance chez les animaux.
  2. Limiter la quantité de médicaments antimicrobiens administrés pour prévenir les infections chez les animaux et pour les végétaux sains et veiller à ce que tout usage soit conforme à la réglementation. 
  3. Éliminer ou réduire considérablement les ventes sans prescription médicale de médicaments antimicrobiens qui sont importants pour un usage médical ou vétérinaire.
  4. Réduire de manière générale le besoin de médicaments antimicrobiens en améliorant la prévention et la maîtrise des infections, l’hygiène, la biosécurité et les programmes de vaccination dans l’agriculture et l’aquaculture.
  5. Assurer l’accès à des antimicrobiens abordables et de qualité pour la santé animale et humaine et promouvoir l’innovation par des solutions de remplacement durables, fondées sur des données probantes, aux antimicrobiens dans les systèmes alimentaires.

L’inaction aura des conséquences désastreuses pour la santé humaine, animale, végétale et environnementale

Les médicaments antimicrobiens (y compris les antibiotiques, les antifongiques et les antiparasitaires) sont utilisés dans la production alimentaire partout dans le monde. Les médicaments antimicrobiens sont administrés aux animaux non seulement à des fins vétérinaires (pour traiter et prévenir les maladies), mais aussi pour favoriser la croissance chez les animaux en bonne santé.

Les pesticides antimicrobiens sont également utilisés en agriculture pour traiter et prévenir les maladies des végétaux.

Parfois les antimicrobiens utilisés dans les systèmes alimentaires sont identiques ou similaires à ceux utilisés pour traiter les humains. L’utilisation actuelle chez les humains et les animaux et pour les végétaux entraîne une augmentation inquiétante de la résistance aux médicaments et rend les infections plus difficiles à traiter. Les changements climatiques peuvent également contribuer à une augmentation de la résistance aux antimicrobiens.

Les maladies pharmacorésistantes causent déjà au moins 700 000 décès humains dans le monde chaque année.

Bien qu’il y ait eu des réductions substantielles de l’utilisation d’antibiotiques chez les animaux dans le monde, elles ne sont pas suffisantes.

Sans mesures immédiates et drastiques pour réduire considérablement les niveaux d’utilisation des antimicrobiens dans les systèmes alimentaires, le monde se dirige rapidement vers un point de basculement où les antimicrobiens sur lesquels on compte pour traiter les infections chez les humains, les animaux et les végétaux ne seront plus efficaces. L’impact sur les systèmes de santé, les économies, la sécurité alimentaire et les systèmes alimentaires aux niveaux local et mondial sera dévastateur.

« Nous ne pouvons pas nous attaquer aux niveaux croissants de résistance aux antimicrobiens sans utiliser les médicaments antimicrobiens avec plus de parcimonie dans tous les secteurs », a déclaré la coprésidente du Groupe de direction mondial sur la résistance aux antimicrobiens, Son Excellence Mia Amor Mottley, Première Ministre de la Barbade. « Le monde est entré dans une course contre la résistance aux antimicrobiens, et c’est une course que nous ne pouvons pas nous permettre de perdre. »

La réduction de l’utilisation des médicaments antimicrobiens dans les systèmes alimentaires doit être une priorité pour tous les pays

« L’utilisation plus responsable des médicaments antimicrobiens dans les systèmes alimentaires doit être une priorité absolue pour tous les pays », a déclaré la coprésidente du Groupe de direction mondial sur la résistance aux antimicrobiens, Son Excellence Sheikh Hasina, Première Ministre du Bangladesh. « Une action collective dans tous les secteurs concernés est cruciale pour protéger nos médicaments les plus précieux, dans l’intérêt de tous, partout dans le monde. »

Les consommateurs de tous les pays peuvent jouer un rôle clé en choisissant des produits alimentaires provenant de producteurs qui utilisent les médicaments antimicrobiens de manière responsable.

Les investisseurs peuvent aussi apporter leur contribution en investissant dans des systèmes alimentaires durables.

Des investissements sont également nécessaires de toute urgence pour mettre au point des solutions de remplacement efficaces à l’utilisation des antimicrobiens dans les systèmes alimentaires, telles que des vaccins et des médicaments de remplacement.

Notes aux rédactions 

Pour interviewer des membres du Groupe de direction mondial sur la résistance aux antimicrobiens et obtenir de plus amples informations, envoyer un message à l’adresse borgonhaa@who.int.

Déclaration du Groupe de direction mondial sur la résistance aux antimicrobiens relative à l’utilisation des antimicrobiens dans les systèmes alimentaires

L’utilisation d’antimicrobiens dans les systèmes alimentaires[1] est courante et a une influence sur la résistance aux antimicrobiens chez l’être humain et chez l’animal, ainsi que sur les végétaux et sur l’environnement. Lorsqu’on applique l’approche « Une seule santé », il est essentiel de transformer les systèmes alimentaires afin d’optimiser la santé animale, la santé végétale et la santé environnementale, d’assurer un usage responsable et durable des antimicrobiens et, surtout, de réduire la nécessité de recourir aux antimicrobiens et de promouvoir l’innovation pour trouver des alternatives durables et fondées sur des données probantes.

Les antimicrobiens sont importants pour la santé et le bien-être des animaux et la production végétale, et l’accès à des antimicrobiens de qualité et abordables doit être assuré. Toutefois, il est urgent de changer les choses. Bien que l’usage des antimicrobiens ait beaucoup baissé chez l’animal à l’échelle mondiale, il est extrêmement important, et possible, d’apporter d’autres améliorations en vue d’en réduire l’usage et d’en assurer une utilisation responsable et durable dans les systèmes alimentaires. Même si c’est difficile dans certaines situations, cela doit être considéré comme prioritaire par tous les pays, secteurs et organisations.

Pour promouvoir l’usage responsable et durable des antimicrobiens dans les systèmes alimentaires, le Groupe de direction mondial préconise qui suit :

1. Lutte anti-infectieuse

  • Tous les pays devraient donner la priorité aux interventions portant sur la lutte anti-infectieuse, y compris dans le cadre des programmes d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène, de sécurité biologique et de vaccination en vue de prévenir et d’atténuer les risques de maladies infectieuses et la résistance aux antimicrobiens dans tous les secteurs. et
  • Les organisations et les partenaires internationaux qui s’occupent de questions techniques, de financement et de recherche-développement devraient aider les pays à améliorer l’accès aux tests de diagnostic, aux outils de prévision des maladies, aux vaccins, aux alternatives aux antimicrobiens sûres et efficaces, existants et nouveaux qui sont abordables, et l’utilisation de ces instruments, et à une nutrition adaptée pour la lutte anti-infectieuse et le traitement des infections chez les animaux terrestres et aquatiques et, le cas échéant, pour les végétaux.

2. Réduction de l’utilisation des antimicrobiens

Tous les pays devraient :

  • Tenir compte de l’importance des antimicrobiens pour la santé et le bien-être des animaux et la production végétale dans leurs politiques et leurs cadres réglementaires nationaux et cesser d’utiliser les antimicrobiens pour compenser l’insuffisance de la lutte anti-infectieuse et de la gestion et d’autres lacunes modifiables dans la gestion de la santé animale et végétale.
  • Réduire considérablement l’utilisation globale des antimicrobiens, en particulier des antimicrobiens d’importance critique les plus prioritaires pour les animaux terrestres et aquatiques et les végétaux.
  • Mettre fin à l’usage d’antimicrobiens d’importance médicale pour favoriser la croissance, en commençant immédiatement par les antimicrobiens d’importance critique les plus prioritaires, puis en visant les autres catégories d’antimicrobiens. et
  • Réserver à des situations bien définies le recours aux antimicrobiens à des fins prophylactiques ou métaphylactiques chez les animaux et pour les végétaux, afin d’en réduire considérablement l’usage et de s’assurer que toute utilisation est conforme à la réglementation et effectuée sous la responsabilité d’un prescripteur autorisé.

3. Supervision et gouvernance

Tous les pays devraient :

  • Assurer une gouvernance efficace et un encadrement professionnel de la vente et de l’usage des antimicrobiens ainsi que de la gestion des antimicrobiens dans tous les secteurs, y compris en élaborant et en mettant en œuvre des lignes directrices fondées sur des données probantes pour le traitement, la lutte et la prévention. et
  • Éliminer ou réduire considérablement la vente libre d’antimicrobiens qui sont importants pour la médecine humaine ou vétérinaire et appliquer des règles strictes pour renforcer et accroître l’encadrement par des professionnels de leur usage chez les animaux terrestres et aquatiques et pour les végétaux.

Les organisations et les partenaires internationaux qui s’occupent de questions techniques, de financement et de recherche-développement devraient :

  • Mettre en place des mécanismes pour améliorer et élargir l’accès adapté à des antimicrobiens de bonne qualité dans le monde entier. et
  • Encourager et soutenir l’élaboration et l’amélioration de systèmes de surveillance nationaux et internationaux comparables pour permettre aux pays d’établir des données de référence sur l’utilisation des antimicrobiens et la résistance aux antimicrobiens et de définir des cibles progressives, ambitieuses, fondées sur des données scientifiques et pertinentes à l’échelle nationale pour un usage responsable et durable des antimicrobiens dans tous les secteurs.

Informations générales concernant le Groupe de direction mondial sur la résistance aux antimicrobiens

Le Groupe de direction mondial sur la résistance aux antimicrobiens, créé en novembre 2020, est indépendant et a un rôle consultatif et de sensibilisation à l’échelle mondiale, principalement dans le but de rappeler que le problème de la résistance aux antimicrobiens est une question urgente, de garder le soutien du grand public, de maintenir l’élan politique et de faire en sorte que cette question reste au centre des préoccupations mondiales. Le Groupe a pour mission de collaborer à l’échelle mondiale avec des gouvernements, des institutions, la société civile et le secteur privé selon l’approche « Une seule santé » pour donner des conseils et plaider en faveur d’une action politique en vue d’atténuer les infections pharmacorésistantes grâce l’accès et à l’usage responsables et durables s’agissant des antimicrobiens.

Il est coprésidé par Leurs Excellences Sheikh Hasina, Premier Ministre du Bangladesh et Mia Amor Mottley, Première Ministre de la Barbade, et compte parmi ses membres des chefs d’État, des ministres en exercice ou d’anciens ministres et/ou de hauts fonctionnaires agissant à titre personnel, ainsi que de hauts représentants de fondations, d’organisations de la société civile et du secteur privé. En outre, les dirigeants des organisations du groupe tripartite – l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), ainsi que le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) – en sont membres de droit.

Le secrétariat commun tripartite sur la résistance aux antimicrobiens, fruit de la collaboration entre la FAO, l’OIE et l’OMS, assure le secrétariat du Groupe.

Membres du Groupe de direction mondial sur la résistance aux antimicrobiens

Coprésidents :

  1. S. E. Sheikh Hasina, Premier Ministre du BANGLADESH
  2. S. E. Mia Amor Mottley, Première Ministre de la BARBADE

Membres :

  1. Dr Hamad A. Al-Batshan, Vice-Ministre de l’innovation et des technologies modernes, Ministère de l’environnement, de l’eau et de l’agriculture de l’ARABIE SAOUDITE
  2. Dr Hasan Mohammed Abbas Al-Temimi, Ministre de la santé et de l’environnement de l’IRAQ
  3. Mme Inger Anderson, Secrétaire générale adjointe de l’Organisation des Nations Unies et Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement
  4. Mme Tamara van Ark, Ministre des soins médicaux et des sports, PAYS-BAS 
  5. Professeur António Correia de Campos, ancien Ministre de la santé, professeur émérite d’économie de la santé, École nationale de santé publique, Nouvelle Université de Lisbonne, PORTUGAL
  6. Professeur C.O. Onyebuchi Chukwu, ancien Ministre de la santé, professeur de chirurgie orthopédique, Université fédérale Alex Ekwueme Ndufu Alike, NIGÉRIA
  7. Dr Guilherme Antônio da Costa Júnior, attaché principal pour l’agriculture, Mission du Brésil auprès de l’Union européenne, Président de la Commission du Codex Alimentarius, BRÉSIL
  8. Professeure Dame Sally Davies, Envoyée spéciale du Royaume-Uni sur la résistance aux antimicrobiens, ROYAUME-UNI
  9. Dr Maggie De Block, ancienne Ministre des affaires sociales et de la santé publique, et Secrétaire d’État à l’asile et la migration, députée, BELGIQUE
  10. Dr QU Dongyu, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
  11. Dr Monique Eloit, Directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé animale
  12. Professeur Sir Jeremy Farrar, Directeur du Wellcome Trust, Royaume-Uni
  13. Dr Christopher Fearne, Vice-Premier ministre et Ministre de la santé et député de MALTE
  14. M. Jean-Christophe Flatin, Président de Innovation, Science, Technology & Mars Edge, Mars, Inc., ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE
  15. Mme Grace Fu, Ministre de la durabilité et de l’environnement, députée, SINGAPOUR
  16. Dre Julie Gerberding, responsable principale des patients et Vice-Présidente exécutive chargée de la santé des populations et de la durabilité, Merck &Co., Inc., ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE
  17. Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé
  18. Mme Lena Hallengren, Ministre de la santé et des affaires sociales de la SUÈDE
  19. Mme Sussan Ley, Ministre de l’environnement, Ministère de l’agriculture, de l’eau et de l’environnement, et députée de l’AUSTRALIE
  20. Mme Sunita Narain, Directrice générale du Centre pour la science et l’environnement, INDE
  21. Mme Aminata Mbengue Ndiaye, ancienne Ministre de l’élevage et des productions animales, ancienne Ministre de la pêche et de l’économie maritime, Présidente du Haut-Conseil des collectivités territoriales, SÉNÉGAL
  22. Professeure Anna Y. Popova, Cheffe du Service fédéral de surveillance de la protection des droits des consommateurs et du bien-être humain (Rospotrebnadzor), Médecin principal de la Fédération de Russie, FÉDÉRATION DE RUSSIE
  23. M. Yasuhisa Shiozaki, ancien Ministre de la santé, du travail et des affaires sociales et membre de la Chambre des représentants du JAPON
  24. Mme Dechen Wangmo, Ministre de la santé du BHOUTAN
  25. Dr Jeffrey Scott Weese, Professeur à l’Université de Guelph, Directeur du Centre de santé publique et des zoonoses et responsable de la prévention des infections au Collège de médecine vétérinaire de l’Ontario, CANADA
  26. Professeur Lothar H. Wieler, Président de l’Institut Robert Koch, ALLEMAGNE

Les biographies des membres sont disponibles ici.  
Les photos des membres sont disponibles ici.

[1] Suivant la définition donnée par la FAO, les systèmes alimentaires englobent un éventail complet d’acteurs et d’activités liés à la production, à la transformation, à la commercialisation, à la consommation et à l’élimination de produits issus de l’agriculture, de la foresterie et de la pêche, ainsi que l’environnement sociopolitique, économique et technologique dans lequel se déroulent ces activités. Le système alimentaire est composé de sous-systèmes (par exemple, le système agricole, le système de gestion des déchets, le système d’approvisionnement en intrants, etc.) et interagit avec d’autres systèmes clés (par exemple, le système énergétique, le système commercial, le système de santé, etc.)