Retour sur le colloque
Thierry Damerval, PDG de l’ANR, a rappelé que dès 1945 Flemming s’alarmait du risque d’antibiorésistance devenu aujourd’hui un problème mondial qui concerne tout particulièrement la France.
Antoine Andremont, représentant le Ministère de la Recherche, a mentionné que l’antibiorésistance n’est pas une maladie infectieuse en soi car elle touche de nombreuses bactéries différentes. Il préconise que le concept « une seule santé » continue à chapeauter les recherches à entreprendre, accroisse les ponts entre secteurs sans empêcher d’améliorer les connaissances dans les domaines spécifiques.
Yazdan Yazdanpanah, Directeur de l’ITMO I3M et de l’agence ANRS-MIE, a insisté sur l’importance de travailler l’articulation entre recherche fondamentale et innovation en levant les barrages à la recherche clinique. La nécessité de poursuivre les financements s’impose et l’Inserm travaille dans ce sens a-t-il précisé.
Philippe Bouvet, responsable Département Biologie Santé de l’ANR, a rapporté le bilan des actions et des financements de l’agence sur la période 2011-2021. Ce bilan peut être retrouvé dans le cahier n°14 de l’ANR.
Jean Carlet, ancien Président de l’alliance mondiale contre la résistance aux antibiotiques, a mis l’accent sur le fait que bien que la France soit au 4e rang des pays européens les plus consommateurs d’antibiotiques, l’incidence des infections à entérobactéries productrices de béta-lactamase a diminué depuis 2016 ainsi que la résistance aux fluoroquinolones et aux céphalosporines de 3e génération, plaçant la France parmi les pays européens avec la plus faible proportion de résistance.
Sandra Da Re, Philippe Glaser, Thierry Naas, Erik Denamur, Martin Picard, Sylvain Brisse, Alain Baulard, Jean-Jacques Vasseur, Frédéric Barras, Burkhard Bechinger, Michel Arthur, Pierre Marcoux, Laurent Dortet, Laetitia Villier et Davy-Louis Versace ont été invités à présenter l’état de leurs recherches financées par l’ANR, faisant état des avancées sur les mécanismes de résistance et de transmission, des nouvelles molécules thérapeutiques et de nouvelles approches antibactériennes, de l’apport de technologies innovantes dans la lutte contre les résistances bactériennes, des approches de diagnostic rapides, ainsi que du développement de biomatériaux évitant la formation de biofilms bactériens. Leurs travaux ainsi que l’ensemble des projets financés par l’ANR sont présentés dans le numéro 14 des cahiers de l’ANR dédié à la résistance aux antibiotiques.
Alain Bousquet-Melou a présenté le comité VetCAST qui ambitionne de contribuer à la mise en place de standards dans le domaine vétérinaire et de conduire in fine à une harmonisation européenne.
Florence Séjourné, fondatrice de la Beam Alliance, a expliqué la démarche de cette association regroupant les dirigeants de PME œuvrant dans la lutte contre l’AMR. La mission de l’association consiste à porter le point de vue de ce secteur auprès des politiques, des investisseurs et de l’industrie pharmaceutique. L’association vise également à proposer des solutions qui permettrait d’accroitre les financements dans un secteur à faible rendement économique.
Le colloque, s’est clôturé avec des interventions sur des actions françaises et européennes d’envergure mises en place pour lutter contre l’antibiorésistance : le Projet Prioritaire de Recherche sur l’Antibiorésistance présenté par Evelyne Jouvin-Marche (coordinatrice du PPR antibiorésistance) et Jean-Marc Cavaillon (conseiller sur l’AMR à ANR), la seconde Joint Action sur l’antibiorésistance et les infections liées aux soins (EU-JAMRAI) détaillée par Marie-Cécile Ploy (coordinatrice de la EU-JAMRAI)et la Joint Programming Initiative on Antimicrobial Resistance (JPIAMR) exposée par Sophie Gay (en charge de ce programme à ANR). Ces interventions sont disponibles sur le site de l’ANR et sur le site de l’interface national antibiorésistance.
Rédaction : Patricia Renesto, Anne-Claire Langlois, Sophie Gay, Jean-Marc Cavaillon et Evelyne Jouvin-Marche