Finaliste des Trophées dans la catégorie « start-up », Vetophage développe des solutions à l’antibiorésistance des animaux, et pourquoi pas demain des humains. La jeune entreprise originaire de Lyon a créé une technologie innovante basée sur les « phages », permettant de détecter rapidement les bactéries pathogènes et en mesure de détruire les bactéries résistantes aux antibiotiques. Rencontre avec Mai Huong Chatain-Ly, présidente.
- Pour les personnes qui ne vous connaîtraient pas, pouvez-vous nous expliquer l’activité de votre entreprise ? Qui êtes-vous, que faites-vous ?
Mai Huong Chatain-Ly : Vetophage est une entreprise spécialisée dans le développement de solutions à l’antibiorésistance, soit la capacité d’un micro-organisme à résister aux effets des antibiotiques. Problème majeur qui peut conduire à la difficulté, voire à l’impossibilité de traiter certaines infections, le phénomène concerne toutes les branches de la santé. Chez Vetophage, nous développons des solutions pour le secteur de la santé animale exclusivement. Notre objectif est de limiter l’utilisation des antibiotiques et de proposer une autre solution puissante de substitution aux antibiotiques devenus inefficaces.
Pour cela, nous avons développé une technologie basée sur les phages, des virus naturellement présents dans l’environnement, qui connaissent les bactéries de manière très spécifique. Une spécificité que nous mettons à contribution pour mettre au point des outils innovants de détection rapides des bactéries pathogènes, et pour créer des « cocktails de phages » en mesure de détruire les bactéries résistantes aux antibiotiques.
- Quelle est votre dernière innovation ? ou l’innovation dont vous êtes le plus fier ?
M. H. C-L : L’innovation dont nous sommes les plus fiers est la création d’un outil, type bandelette, en mesure de détecter des bactéries pathogènes dans les élevages.
Cet outil de détection est le plus simple, rapide et efficace sur le marché actuel. Il est également le moins couteux par rapport à toutes les méthodes existantes, car il ne nécessite pas l’utilisation de machines généralement associées à ce type de détection.
Or une détection simple et rapide des bactéries pathogènes répond aux besoins essentiels du secteur d’élevage. Le dépistage régulier permet d’éviter la contamination et facilite la gestion des troupeaux. En cas d’infection, la détection rapide permet de choisir le traitement le plus approprié.
Les avantages de notre innovation sont ainsi multiples : réduction des pertes économiques pour les éleveurs, utilisation intelligente des antibiotiques et donc baisse de l’antibiorésistance, et contribution au bien-être animal.
- Quels sont vos projets phares du moment ?
M. H. C-L : En ce moment, nous travaillons principalement sur les problèmes liés à la mammite bovine, la pathologie bactérienne la plus répandue dans les élevages laitiers dans le monde.
Dans les prochains mois, nous proposerons des outils de détection rapides et puissants pour repérer les principales bactéries responsables de cette pathologie. Et à moyen terme, nous prévoyons de commercialiser des traitements alternatifs aux antibiotiques, pour détruire ces bactéries. Pour cela, nous puisons dans notre banque de phages, qui est à l’heure actuelle l’une des plus importante d’Europe.
- Quelle est votre stratégie d’innovation et de propriété industrielle ?
M. H. C-L : Notre stratégie d’innovation repose sur la demande du marché vétérinaire et sur les besoins de développement de nouveaux produits. Nous mettons au point des produits très innovants et respectueux de l’environnement, en mesure d’intéresser un grand nombre d’acteurs de la santé animale mais aussi, à terme, humaine.
Nos innovations contribuent ainsi à la croissance de l’entreprise. Mais aussi à développer notre réseau de partenaires et à rassurer les investisseurs.
- Que représente pour vous cette nomination aux Trophées INPI ?
M. H. C-L : Cette nomination aux Trophées INPI nous montre l’intérêt grandissant de divers acteurs, dans de multiples secteurs, pour les espoirs que pourraient offrir notre technologie. En effet l’antibiorésistance nous concerne tous, pas seulement les animaux. Cette nomination sera l’occasion de mettre un coup de projecteur supplémentaire sur cet enjeu.
- Vous avez bénéficié de plusieurs prestations proposées par l’INPI. Pouvez-vous nous en dire plus ? Et que vous ont-elles apporté ?
M. H. C-L : Nous avons pu bénéficier de plusieurs prestations proposées par l’INPI : pré-diagnostic PI, Pass PI, et formations INPI. Toutes ces prestations sont concrètes et ont des objectifs bien définis. Dans notre cas, l’étude de pré-diagnostic nous a permis de définir notre plan d’action en matière de propriété industrielle. Le Pass PI nous a aidé à financer le dépôt d’un brevet. Les formations et les échanges avec l’INPI ont renforcé notre stratégie de propriété intellectuelle.
Dans les premiers temps de son existence, une start-up n’a pas forcément un gros budget à allouer à la partie PI, mais le retour sur investissement est nettement bénéfique.
J’encourage vivement les start-up à consulter l’ensemble des services et prestations proposés par l’INPI et à en bénéficier.
Chiffres clés * :
- Date de création : 2017
- Effectif : 9 collaborateurs
Portefeuille de titres de propriété industrielle :
- Brevets : 5
- Marques : 3
- Dessin et modèle : 1
* déclaratif entreprise